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avantage. Dans une période de cent quatre-vingt-dix ans, les Russes essayèrent quatre fois de piller les trésors de Constantinople : ces expéditions navales n’obtinrent pas toutes le même succès, mais les motifs et l’objet en avaient été les mêmes et les moyens semblables[1]. Les négocians russes avaient vu la magnificence et goûté du luxe de la cité des Césars. Leurs merveilleux récits, quelques échantillons de ces richesses, excitèrent les désirs de leurs sauvages compatriotes ; ils enviaient les bienfaits de la nature que refusait le climat de leur pays : ils convoitaient les ouvrages de l’art que la paresse ne leur permettait pas d’imiter, ni leur pauvreté de se procurer. Les princes varangiens arborèrent les drapeaux de la piraterie, et tirèrent leurs plus braves soldats des nations qui habitaient les îles septentrionales de l’Océan[2]. On a pu voir au dernier siècle une image de cet armement dans les flottes des Cosaques qui sortirent du Borysthène pour parcourir ces mêmes mers dans les mêmes intentions[3]. Le nom grec de

  1. Les guerres des Russes et des Grecs aux neuvième, dixième et onzième siècles, sont racontées dans les Annales de Byzance, et surtout par Zonare et Cedrenus ; et leurs divers témoignages se trouvent réunis dans la Russica de Stritter (t. II, part. II, p. 939-1044).
  2. Προσεταιρισαμενος δε και συμμαχικον ου ολιγον απο των κατοικο‌υντων εν ταις προσαρκτιοις το‌υ Οκεανο‌υ νησοις εθνων. (Cedren., in Compend., p. 758).
  3. Voyez Beauplan (Description de l’Ukraine, p. 54-61). Ses descriptions sont animées et ses plans exacts ; et, si l’on