Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/110

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ques échecs causés par leur imprudence apprirent qu’ils n’étaient pas invincibles. La crainte des Grecs diminuait, et leur haine augmentait en proportion. Ils passèrent bientôt des murmures aux conspirations ; et avant la fin d’une année d’esclavage, le peuple vaincu implora ou accepta avec confiance le secours d’un barbare dont il avait éprouvé la puissance, et à la reconnaissance duquel il se fiait[1].

Guerre des Bulgares. A. D. 1205.

Calo-Jean ou Joannice, chef révolté des Walaques et des Bulgares, s’était empressé de complimenter les Latins par une ambassade. Le titre de roi, et la sainte bannière qu’il avait reçue du pontife romain, semblaient l’autoriser à se regarder comme leur frère, et en qualité de leur complice dans le renversement de l’empire grec, il croyait pouvoir aspirer au titre de leur ami. Joannice apprit avec étonnement que le comte de Flandre, imitant l’orgueil fastueux des successeurs de Constantin, avait renvoyé ses ambassadeurs en déclarant avec hauteur qu’il fallait que le rebelle vînt mériter son pardon en touchant de son front le marchepied du trône. S’il eût écouté son ressentiment, cet outrage aurait été lavé dans le sang ; mais, par une politique plus prudente[2], le roi des

  1. Je commence à me servir ici avec confiance et liberté des huit livres de l’Hist. C. P., sous l’empire des Français, que Ducange a donnés pour supplément à l’histoire de Villehardouin, et qui bien qu’écrite d’un style barbare, a cependant le mérite d’être un ouvrage classique et original.
  2. On peut voir dans la réponse de Joannice au pape,