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nom de Baudouin, et fut le dernier et le plus infortuné des princes latins de Constantinople : sa naissance était un titre à l’attachement des barons de la Romanie ; mais son enfance aurait long-temps exposé l’état aux troubles d’une minorité, et les droits de ses frères prévalurent. L’aîné, Philippe de Courtenai, qui, par sa mère, avait hérité de Namur, eut la sagesse de préférer la réalité d’un marquisat à l’ombre d’un empire. À son refus, Robert, le second des fils de Pierre et d’Yolande, fut appelé au trône de Constantinople. Averti par le malheur de son père, il poursuivit lentement sa route à travers l’Allemagne et le long du Danube. Le mariage de sa sœur avec le roi de Hongrie lui ouvrit un passage, et le patriarche couronna Robert dans la cathédrale de Sainte-Sophie ; mais il n’éprouva, durant tout son règne, qu’humiliations et calamités, et la colonie de la Nouvelle-France, comme on l’appelait alors, céda de tous côtés aux efforts des Grecs de l’Épire et de Nicée. Après une victoire qu’il dut plus à sa perfidie qu’à sa valeur, Théodore Lange entra dans le royaume de Thessalonique, expulsa le faible Démétrius, fils du marquis Boniface, planta ses étendards sur les murs d’Andrinople, et ajouta orgueilleusement son nom à la liste des trois ou quatre empereurs rivaux. Jean Vatacès, gendre et successeur de Théodore Lascaris, envahit les restes de la province d’Asie, et déploya, dans un règne de trente-trois ans, toutes les vertus du conquérant et du lé-