Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/134

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dans l’Orient et dans l’Occident ; mais on conservait dans la chapelle impériale de Constantinople une autre relique de la passion ; la couronne d’épines de Jésus-Christ était également précieuse et authentique. Dans l’absence de l’empereur, à l’exemple des anciens Égyptiens qui déposaient pour sûreté de leurs dettes les momies de leurs pères, et engageaient ainsi leur honneur et leur religion au payement de la somme, les barons de la Romanie empruntèrent treize mille cent trente-quatre pièces d’or, et donnèrent la sainte couronne pour gage[1] : à l’échéance ils se trouvèrent hors d’état de payer. Nicolas Querini, riche commerçant vénitien, consentit à rembourser les préteurs, à condition que la couronne serait déposée à Venise, et qu’elle deviendrait sa propriété personnelle, si on ne la rachetait pas avant un terme court et convenu. Les barons informèrent leur souverain de cette fâcheuse convention et du danger qui le menaçait ; et comme l’état ne pouvait pas fournir une somme d’environ sept mille livres sterling, Baudouin mettait un grand prix à retirer une telle pièce des mains ces Vénitiens et à la faire passer dans celles du roi très-chrétien[2], ce qui lui

  1. Ducange explique vaguement les mots perparus, perpera, hyperperum, par monetæ genus. D’après un passage de Gunther (Hist. C. P., c. 8, p. 10), je soupçonne que le perpera était le nummus aureus ou la quatrième partie d’un marc d’argent, ou environ dix schellings sterling ; en plomb, c’eût été trop peu de chose.
  2. Pour la translation de la sainte couronne, de Con-