Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mèrent le zèle des patriarches de Constantinople, et que les docteurs latins justifièrent avec la même chaleur[1].

Querelles ambitieuses de Photius, patriarche de Constantinople, avec les papes. A. D. 857-886.

La superstition et la haine nationale contribuent puissamment à envenimer les contestations les plus indifférentes ; mais le schisme des Grecs eut pour cause immédiate la jalousie des deux pontifes. Celui de Rome soutenait la suprématie de l’ancienne métropole, et prétendait n’avoir point d’égal dans le monde chrétien ; celui de la capitale régnante prétendait à l’égalité, et refusait de reconnaître un supérieur. Vers le milieu du neuvième siècle, un laïque, l’ambitieux Photius[2], capitaine des gardes et principal secrétaire de l’empereur, obtint, par son mérite ou par la faveur, la dignité beaucoup plus désirable de patriarche de Constantinople. Ses connaissances étaient supérieures à celles de tout le clergé, même dans la science ecclésiastique. On n’accusa jamais la pureté de ses mœurs, mais on lui reprochait son ordination précipitée et son élévation

  1. Les monumens originaux du schisme et les accusations des Grecs contre les Latins sont déposés dans les lettres de Photius (Epist. Encyclica II, p. 47-61) et de Michel Cerularius (Canisii antiq. Lectiones, t. III, part. I, p. 281-324, édit. de Basnage, avec la réponse prolixe du cardinal Humbert).
  2. Les Conciles (édit. de Venise) contiennent tous les actes des synodes et l’histoire de Photius. On aperçoit légèrement dans l’Abrégé de Dupin et de Fleury leur prudence ou leurs préjugés.