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liens de l’esclave, affranchirent la ferme du paysan et la boutique de l’ouvrier, et rendirent par degrés une existence à la portion la plus nombreuse et la plus utile de la société. L’incendie qui détruisit les arbres élevés et stériles de la forêt, donna de l’air et de l’espace aux plantes humbles et nourrissantes dont se couvre la terre.

DIGRESSION SUR LA FAMILLE DES COURTENAI.

La pourpre des trois empereurs qui régnèrent à Constantinople légitimera ou excusera une digression sur l’origine de la maison de Courtenai, et sur les vicissitudes singulières de sa fortune[1], dans les trois principales branches, 1o. d’Édesse, 2o. de France, et 3o. d’Angleterre ; la dernière a survécu seule aux révolutions de huit cents ans.

Origine de la famille de Courtenai. A. D. 1020.

C’est lorsque le commerce n’a pas encore répandu les richesses, quand les lumières n’ont pas encore dissipé les préjugés, que les prérogatives de la naissance se font sentir le plus fortement, et sont reconnues avec le plus d’humilité. Dans tous les siècles, les lois

  1. Je me suis servi, sans m’y borner, d’une histoire généalogique de la noble et illustre maison de Courtenai, par Esra Cleaveland, tuteur du chevalier Guill. de Courtenai, et recteur de Honiton, Oxford, 1735, in-fol. La première partie est tirée de Guillaume de Tyr ; la seconde, de l’histoire de France de Bouchet ; et la troisième, de différens Mémoires publics et particuliers des Courtenai du Devonshire. Le recteur de Honiton montre plus de reconnaissance que d’adresse, et plus d’adresse que de discernement.