Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/158

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trône une famille qui en était presque aussi éloignée, que les Courtenai sentirent se réveiller le souvenir de leur naissance. Des doutes élevés sur la légitimité de leur noblesse leur firent entreprendre de prouver qu’ils descendaient de la famille royale. Ils réclamèrent la justice et la compassion de Henri IV, obtinrent l’attestation de vingt jurisconsultes d’Italie et d’Allemagne, et se comparèrent modestement aux descendans de David, dont le laps des siècles et le métier de charpentier n’avaient point anéanti les prérogatives[1] ; mais toutes les circonstances leur furent contraires, toutes les oreilles furent sourdes à leurs justes réclamations. L’indifférence des Valois semblait justifier celle des Bourbons : les princes du sang, de la branche régnante, dédaignèrent l’alliance d’une parenté sans éclat ; les parlemens ne rejetèrent point leurs preuves ; mais écartant un exemple dangereux par une distinction arbitraire, ils prétendirent que

  1. De toutes les requêtes, apologies, etc., publiées par les princes de Courtenai, je n’ai vu que les trois suivantes, toutes in-8o. 1oDe Stirpe et Origine Domûs de Courtenai : addita sunt responsa celeberrimorum Europæ jurisconsultorum. Paris, 1607. 2oReprésentation du procédé tenu à l’instance faite devant le roi par M. de Courtenai, pour la conservation de l’honneur et dignité de leur maison, branche de la royale maison de France, à Paris, 1613, 3oReprésentation du subject qui a porté messieurs de Salle et de Fraville, de la maison de Courtenai, à se retirer hors du royaume, 1614. Ce fut un homicide pour lequel les Courtenai demandaient qu’on leur fît ou grâce ou leur procès comme princes du sang.