Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/168

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avaient diminué la population et détruit les moyens de subsistance : on n’avait plus ni moyens ni motifs pour s’occuper de l’agriculture ; les terres les plus fertiles demeuraient en friche et inhabitées. L’empereur en fit exploiter une partie à son bénéfice : elles profitèrent entre ses mains, sous ses yeux vigilans, plus qu’elles ne l’eussent pu faire par les soins minutieux d’un fermier. Les domaines royaux devinrent le jardin et le grenier de l’Asie, et sans opprimer ses peuples, le souverain acquit un fonds de richesses fécondes et légitimes. Selon la nature du terrain, il faisait semer des grains ou planter des vignes, et couvrait de brebis ou de pourceaux ses vastes pâturages. En présentant à l’impératrice une couronne enrichie de perles et de diamans, l’empereur lui apprit en souriant que l’achat de cet ornement précieux avait été payé de la vente des œufs, produit de son immense basse-cour. Le revenu de ses domaines servait à la consommation de son palais et à celle des, hôpitaux, à soutenir sa dignité et à satisfaire sa bienfaisance. L’influence de l’exemple fut encore plus avantageux que le revenu. La charrue reprit ses honneurs et sa sécurité. Renonçant à couvrir leur fastueuse indigence des dépouilles arrachées au peuple, ou des faveurs mendiées à la cour et que le peuple paye toujours, les nobles cherchèrent dans les productions de leurs domaines un revenu plus sûr et plus indépendant. Les Turcs s’empressèrent d’acheter le superflu des grains et des troupeaux ; Vatacès entretint soigneusement leur alliance, mais il décou-