Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/177

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sant passer des avis aux garnisons romaines de la frontière, et en parvenant à faire conclure un traité de paix dans lequel on stipula honorablement sa grâce et son rappel. 3o. Tandis qu’il défendait l’Orient contre les entreprises du despote d’Épire, le prince le condamna sur de nouveaux soupçons ; et, soit faiblesse ou fidélité, Michel se laissa charger de chaînes et conduire de Durazzo à Nicée, environ à six cents milles. Le respect du messager, chargé de le conduire, sut adoucir cette commission ; la maladie de l’empereur fit cesser le danger ; et Théodore, au moment d’expirer, en recommandant son fils à Paléologue, reconnut à la fois son innocence et son pouvoir.

Son élévation au trône.

Mais on avait trop outragé son innocence, et il connaissait trop bien son pouvoir pour qu’on dût espérer de l’arrêter dans la carrière ouverte à son ambition[1]. Au conseil tenu après la mort de Théodore, il fut le premier à jurer fidélité à Muzalon ; il fut ensuite le premier à violer ce serment, et sa conduite fut si adroite, qu’il tira tout l’avantage du massacre qui eut lieu peu de jours après, sans en partager le crime, ou du moins le reproche. Dans le choix d’un régent, il balança les intérêts et les passions des candidats, et en les animant l’un contre

  1. Sans comparer Pachymères à Tacite où à Thucydide, je dois louer l’éloquence, la clarté, et même à un certain point, la liberté avec lesquelles il raconte l’élévation de Paléologue (l. I, c. 13-32 ; l. II, c. 1-9). Acropolita est plus circonspect et Gregoras moins étendu.