Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/178

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l’autre, il disposa chacun d’eux à déclarer qu’après lui Paléologue méritait la préférence. Sous le titre de grand-duc, il accepta ou s’attribua dans l’état, durant une longue minorité, l’autorité exécutive. Le patriarche n’était qu’un fantôme respectable, et Paléologue séduisit ou dissipa les factions des nobles par l’ascendant de son génie. Vatacès avait déposé les fruits de son économie dans une forteresse située sur les bords de l’Hermus, sous la garde des fidèles Varangiens. Le connétable conserva son autorité ou son influence sur les troupes étrangères ; il se servit des gardes pour envahir le trésor, et du trésor pour corrompre les gardes ; et quelque abus qu’il pût faire des richesses publiques, on ne le soupçonna jamais d’avarice ou d’avidité personnelle. Par ses discours et ceux de ses émissaires, Paléologue s’efforça de persuader aux sujets de toutes les classes que leur prospérité augmenterait en proportion de son pouvoir. Il suspendit la rigueur des taxes, objet des réclamations perpétuelles du peuple, et défendit les épreuves du feu et les combats judiciaires. Ces institutions barbares étaient déjà ou abolies ou décréditées en France[1] et en Angleterre[2], et le juge-

  1. Saint-Louis abolit le combat judiciaire dans ses domaines, et à la longue, son exemple et son autorité prévalurent dans toute la France (Esprit des lois, l. XXVIII, c. 29).
  2. Dans les causes civiles, Henri II laissait le choix au défendeur. Glanville préfère les preuves par témoins, et le combat judiciaire est condamné dans le Fleta ; cependant