Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/197

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ment une cause sacrilége. Sa sœur Eulogie, sa nièce et deux de ses cousines, conspirèrent contre lui ; une autre de ses nièces, Marie, reine des Bulgares, négocia la ruine de son oncle avec le sultan d’Égypte ; et leur perfidie passa dans l’opinion publique pour l’effet de la plus haute vertu[1]. Lorsque les nonces du pape le pressèrent de consommer le saint ouvrage, Paléologue leur exposa dans un récit sincère tout ce qu’il avait fait et ce qu’il avait souffert pour eux. Ils ne pouvaient douter que les sectaires des deux sexes et de tous les rangs n’eussent été privés de leurs honneurs, de leur fortune et de leur liberté. La liste des confiscations et des châtimens contenait les noms des personnes les plus chéries de l’empereur, et de celles qui méritaient le mieux ses bienfaits. Ils furent conduits à la prison où ils virent quatre princes du sang impérial, enchaînés aux quatre coins et agitant leurs fers dans un accès de rage. Deux d’entre eux sortirent de captivité, l’un par sa soumission, et l’autre par la mort ; les deux autres furent punis de leur obstination par la perte des yeux, et les Grecs les moins opposés à l’union, dé-

  1. Cette confession franche et authentique de la détresse de Michel est écrite en latin barbare par Ogier, qui s’intitule protonotaire des interprètes, et transcrite par Wading, d’après les manuscrits du Vatican (A. D. 1278, no 3). J’ai trouvé par hasard ses annales de l’ordre franciscain Fratres minores, en dix-sept volumes in-folio (Rome, 1741), parmi les papiers de rebut chez un libraire.