Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/207

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sions et les dangers de l’équinoxe forcèrent son rival de se retirer sur les côtes de la Calabre. Au même instant l’amiral des Catalans, le célèbre Roger de Loria, balaya le canal avec son invincible escadre. La flotte française, moins nombreuse en galères qu’en bâtimens de transport, fut ou brûlée ou détruite, et le même événement assura l’indépendance de la Sicile et la sûreté de Paléologue. Peu de jours avant sa mort, il apprit avec joie la chute d’un ennemi qu’il estimait et haïssait également, et peut-être se laissa-t-il gagner à cette opinion populaire, que si Charles n’eût pas rencontré Paléologue pour adversaire, Constantinople et l’Italie n’auraient eu bientôt qu’un seul maître[1]. Depuis cette époque funeste, la vie de Charles ne fut plus qu’une suite continuelle d’infortunes. Les ennemis insultèrent sa capitale, et firent son fils prisonnier. Charles mourut sans avoir recouvré la Sicile, qui, après une guerre de vingt ans, fut définitivement séparée du royaume de Naples, et transférée, comme royaume indépendant, à une branche cadette de la maison d’Aragon[2].

    Pierre d’Aragon (nullo communicato consilio) qui se trouva par hasard avec une flotte et une armée sur la côte d’Afrique (l. I, c. 4-9).

  1. Nicéphore Grégoras (l. V, c. 6) admire la sagesse de la Providence dans cette balance égale des états et des princes. Pour l’honneur de Paléologue, j’aimerais mieux que cette balance eût été observée par un Italien.
  2. Voyez la Chronique de Villani, le onzième volume des Annali d’Italia par Muratori, et les vingtième et vingt-unième livres de l’Istoria civile de Giannone.