Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/219

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Mais le commerce languissant est entre les mains des étrangers, et la culture de cette terre stérile est abandonnée aux Valaques errans. Les Athéniens se distinguent toujours par la subtilité et la vivacité de leur esprit ; mais ces avantages, lorsqu’ils ne sont pas dirigés et éclairés par l’étude, et ennoblis par le sentiment de la liberté, dégénèrent en une vile disposition à la ruse. Les habitans des environs ont adopté pour proverbe, « Que Dieu nous garde des Juifs de Thessalonique, des Turcs de Negrepont, et des Grecs d’Athènes ! » Ce peuple artificieux a évité la tyrannie des bachas par un expédient qui adoucit son esclavage en aggravant sa honte. Vers le milieu du dernier siècle, les Athéniens choisirent pour leur protecteur le kislar aga, ou chef des eunuques noirs du sérail. Cet esclave d’Éthiopie, qui jouit de la confiance du sultan, daigne accepter un présent de trente mille écus ; le waivode, son lieutenant, qu’il confirme à la fin de chaque année, peut en prendre cinq ou six mille de plus pour lui ; et telle est la politique adroite des Athéniens, qu’ils parviennent presque toujours à faire punir ou déposer le gouverneur dont ils ont à se plaindre. Dans leurs différends particuliers, ils prennent pour juge leur archevêque. Ce prélat, le plus riche de l’Église grecque, jouit d’un revenu d’environ mille livres sterling. Ils ont en outre un tribunal composé de huit geronti ou vieillards choisis dans les huit quartiers de la ville. Les familles nobles ne peuvent pas remonter authentiquement à plus de trois siècles ; mais leurs principaux membres se dis-