Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/222

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également méprisables ou funestes. La discipline rigoureuse du patriarche Athanase[1] irrita le peuple et le clergé ; on l’entendit déclarer que le pécheur boirait jusqu’à la lie le calice de pénitence, et l’on répandit le conte ridicule d’un âne sacrilége qu’il avait puni, disait-on, pour avoir mangé une laitue dans le jardin d’un couvent. Chassé de son siége par la clameur publique, Athanase, avant de se retirer, composa deux écrits d’une teneur tout-à-fait opposée. Son testament public était sur le ton de la résignation et de la charité ; le codicille particulier lançait les plus terribles anathèmes sur les auteurs de sa disgrâce, et les excluait pour toujours de la communion de la sainte Trinité, des anges et des saints. Le prélat déposa ce dernier papier dans un pot de terre, qui fut placé par ses ordres sur le haut d’un pilier du dôme de Sainte-Sophie, dans l’espérance que la découverte de cet arrêt pourrait quelque jour le venger. Au bout de quatre ans, des enfans grimpant sur des échelles pour chercher des nids de pigeons, découvrirent ce fatal secret, et Andronic se trouvant compris dans l’excommunication, trembla sur le bord de l’abîme perfidement

  1. Pour l’anathème trouvé dans le nid de pigeons, voy. Pachymères (l. IX, c. 24). Il raconte toute l’histoire d’Athanase (l. VIII, c. 13-16, 20-24 ; l. X, c. 27-29, 31-36 ; l. XI, c. 1-3, 5-6 ; l. XIII, c. 8-10, 23, 35), et il est suivi par Nicéphore Grégoras (l. VI, 5-7 ; l. VII, c. 1-9), qui comprend dans son récit la seconde retraite de ce second Chrysostôme.