Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/233

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vait obtenir le payement. L’affaiblissement de sa vue vint encore aggraver ses souffrances. On rendait chaque jour sa détention plus rigoureuse, et durant une absence et une maladie de son petit-fils, ses barbares gardiens l’obligèrent, en le menaçant de la mort, à quitter la pourpre pour l’habit et la profession monastique. Le moine Antoine (c’était le nom qu’il avait pris) avait renoncé aux vanités de ce monde ; mais il se trouva avoir besoin d’une grossière robe fourrée pour l’hiver : comme le vin lui était défendu par son confesseur, et l’eau par son médecin, il se trouvait réduit, pour toute boisson, au sorbet d’Égypte. Ce ne fut pas sans peine que l’ancien empereur des Romains parvint à se procurer trois ou quatre pièces d’or pour pourvoir à ses modestes besoins ; et s’il est vrai qu’il ait sacrifié cet or pour soulager les maux encore plus pressans d’un ami, ce sacrifice est de quelque mérite aux yeux de la religion et de l’humanité. [Sa mort. A. D. 1332, 13 févr.]Quatre ans après son abdication, Andronic ou Antoine expira dans sa cellule, âgé de soixante-quatorze ans ; et tout ce que purent lui promettre les derniers discours de la flatterie, ce fut une couronne plus brillante que celle qu’il avait portée dans ce monde corrompu[1].

Règne d’Andronic le jeune. A. D. 1328, 24 mai. A. D. 1341, 15 juin.

Le règne d’Andronic le jeune ne fut ni plus glo-

  1. Voyez Nicéph. Grég., l. IX, 6, 7, 8-10, 14 ; l. X, c. 1. L’historien avait partagé la prospérité de son bienfaiteur ; il le suivit dans sa retraite. « Celui qui suit son maître jusqu’à l’échafaud ou dans le monastère, ne devrait pas être légèrement traité de mercenaire prostituant l’éloge. »