Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/257

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Athos, où la fureur des moines menaçait sa vie, le moine calabrois s’enfuit à Constantinople, où ses manières agréables et polies lui gagnèrent la confiance du grand-domestique et celle de l’empereur. La cour et la ville prirent part à cette querelle théologique, suivie avec ardeur au milieu des désordres de la guerre civile. Mais Barlaam déshonora sa doctrine par sa fuite et son apostasie ; les palamites triomphèrent, et le patriarche Jean d’Apri, leur adversaire, fut déposé par le consentement unanime des deux factions de l’état. Cantacuzène présida, en qualité d’empereur et de théologien, le synode de l’Église grecque, qui établit comme article de foi la lumière incréée du mont Thabor ; et après tant d’autres insultes, la raison humaine dut se regarder comme peu blessée par l’addition d’une seule absurdité. Un grand nombre de rouleaux de papier ou de parchemins furent salis de cette dispute ; les sectaires impénitens qui refusèrent de souscrire à ce nouveau symbole, furent privés des honneurs de la sépulture chrétienne ; mais dès le siècle suivant, cette question tomba dans l’oubli, et je ne vois point que le glaive ou le feu aient été employés à extirper l’hérésie du moine Barlaam[1].

  1. Voyez Cantacuzène (l. II, c. 39, 40 ; l. IV, c. 3-23, 24, 25) et Nicéphore Grégoras (l. XI, c. 10 ; l. XV, 3-7) dont les derniers livres, depuis le dix-neuvième jusqu’au vingt-quatrième, ne traitent guère que de ce sujet, si intéressant pour les auteurs. Boivin (in vit., Nicéph. Greg.), d’après les livres qui n’ont point été publiés, et Fabricius