Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de nouvelles fortifications[1]. Les empereurs grecs, maîtres du passage étroit qui forme pour ainsi dire la porte de la mer intérieure, regardaient le commerce et la navigation du Pont-Euxin comme une partie de leur patrimoine. Sous le règne de Michel Paléologue, le sultan d’Égypte reconnut leur prérogative, en sollicitant et en obtenant la permission d’expédier tous les ans un vaisseau dans la Circassie et dans la Petite-Tartarie, pour l’achat des esclaves ; permission dangereuse pour les chrétiens, puisque ces esclaves étaient ceux qu’on élevait pour recruter la redoutable troupe des mameluks[2]. [Commerce et insolence des Génois.]La colonie génoise de Péra fit avec avantage le commerce lucratif de la mer Noire ; ils fournirent les Grecs de grains et de poissons, deux articles presque également indispensables à un peuple superstitieux. Il semble que

  1. Ducange décrit l’établissement et les progrès des Génois à Péra ou Galata (C. P. Christiana, l. I, p. 68, 69), d’après les historiens de Byzance ; Pachymères (l. II, c. 35 ; l. V, 10-30 ; l. IX, 15 ; l. XII, 6-9), Nicéphore Grégoras (l. V, c. 4 ; l. VI, c. 11 ; l. IX, c. 5 ; l. XI, c. 1 ; l. XV, c. 1-6), et Cantacuzène (l. I, c. 12 ; l. II, c. 29, etc.).
  2. Pachymères (l. III, c. 3, 4, 5) et Nicéphore Grégoras (l. IV, c. 7) sentent et déplorent l’un et l’autre les effets de cette pernicieuse indulgence. Bibaras, sultan d’Égypte, et Tartare de nation, mais zélé musulman, obtint des enfans de Gengis la permission de construire une mosquée dans la capitale de la Crimée (de Guignes, Hist. des Huns, t. III, p. 343).