Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/285

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des mœurs adoucissait les inconvéniens de la différence d’origine et d’intérêt. La conquête de l’empire du nord démembré par Gengis fut totalement accomplie sept ans après sa mort. Forcé d’abandonner Pékin, l’empereur avait fixé sa résidence à Kaifiong, ville dont l’enceinte formait une circonférence de plusieurs lieues, et qui, si l’on peut en croire les annales chinoises, contenait quatorze cent mille familles d’habitans et de fugitifs ; il fallut encore avoir recours à la fuite ; il s’échappa suivi de sept cavaliers, et se réfugia dans une troisième capitale, où, perdant tout espoir de sauver sa vie, il monta sur un bûcher en protestant de son innocence et accusant son malheur, et ordonna qu’on y mît le feu dès qu’il se serait poignardé. La dynastie des Song, les anciens souverains nationaux de tout l’empire, survécut environ quarante-cinq ans à la chute des usurpateurs du nord. La conquête totale ne s’exécuta que sous le règne de Cublai ; les Mongouls, durant cet intervalle, en furent souvent détournés par des guerres étrangères, et les Chinois, qui osaient rarement faire tête à leurs vainqueurs dans la plaine, leur offraient dans les villes par leur résistance passive, une suite interminable d’assauts à livrer et des millions d’hommes à massacrer. On employait alter-

    de Mangi ; c’est ainsi que la Chine fut partagée entre le grand-kan et les Chinois, depuis l’an de grâce 1234 jusqu’en 1279. Après qu’on eut trouvé la Chine, la recherche du Cathay égara nos navigateurs du seizième siècle dans leur recherche d’un passage au nord-est.