Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avoir écarté des monumens qui nous en restent, ces fables monstrueuses d’hommes avec des têtes de chien et des pieds fourchus, nous trouverons que quinze ans après la mort de Gengis, les Mongouls connaissaient le nom et les mœurs des Samoïèdes, qui habitent aux environs du cercle polaire, dans des huttes souterraines, et ne connaissent d’autre occupation que la chasse, dont ils tirent leur nourriture et les fourrures qui leur servent de vêtemens[1].

Les successeurs de Gengis. A. D. 1217-1259.

Tandis que les Mongouls et les Tartares envahissaient à la fois la Chine, la Syrie et la Pologne, les auteurs de ces grands ravages se contentaient d’apprendre et de s’entendre dire que leur parole était le glaive de la mort. De même que les premiers califes, les premiers successeurs de Gengis parurent rarement en personne à la tête de leurs armées victorieuses. Sur les bords de l’Onon et du Selinga, la horde dorée ou royale présentait le contraste de la grandeur et de la simplicité, d’un repas de mouton rôti et de lait de jument, et de cinq cents chariots d’or et d’argent distribués dans un seul jour. Les princes de l’Europe et de l’Asie furent contraints d’envoyer des ambassadeurs, ou d’entreprendre eux-mêmes ce long et pénible voyage. Le trône et la vie des grands-ducs de Russie, des rois de la Géorgie et

  1. Voy. dans Hackluyt la relation de Carpin, v. I, p. 30. Abulghazi donne la généalogie des kans de Sibérie (part. VIII, pag. 485-495). Les Russes n’ont-ils trouvé aucune chronique tartare à Tobolsk ?