Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dresse paternelle ; le clergé grec se prêta à l’alliance d’une princesse chrétienne avec un disciple de Mahomet ; et le père de Théodora nous détaille lui-même, avec une honteuse satisfaction, le déshonneur de son diadème[1]. Des ambassadeurs, suivis d’un corps de cavalerie turque, arrivèrent dans trente vaisseaux devant son camp de Selymbrie. On dressa un magnifique pavillon, sous lequel l’impératrice Irène passa la nuit avec ses filles. Dès le matin, Théodora se plaça sur un trône entouré de rideaux de soie brodés en or. Les troupes étaient sous les armes ; mais l’empereur était à cheval. À un signal, les rideaux s’ouvrirent et présentèrent l’épouse ou la victime environnée de torches nuptiales et d’eunuques prosternés. L’air retentit du bruit des trompettes ; et des poètes tels que le siècle pouvait les fournir, célébrèrent, dans leurs chants nuptiaux, le prétendu bonheur de Théodora. Elle fut livrée au Barbare qui devenait son maître, sans aucune des cérémonies du culte chrétien ; mais on était convenu, par le traité, qu’elle continuerait à professer librement sa religion dans le harem de Bursa ; et son père fait l’éloge de

  1. Voy. Cantacuzène, l. III, c. 95. Nicéphore Grégoras, qui, relativement à la lumière du Thabor, charge l’empereur des noms injurieux de tyran et d’Hérode, paraît disposé à excuser ce mariage plutôt qu’à le blâmer, et allègue la passion et la puissance d’Orchan, εγγυτατος και τη δυναμει το‌υς κατ αυτον ηδη Περσικο‌υς (Turcs) υπεραιρων Σατραϖας (l. XV, 5). Il célèbre ensuite son gouvernement civil et militaire. Voyez son règne dans Cantemir, p. 24-30.