Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/349

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Il se réfugia chez le grand-duc de Lithuanie, revint encore sur les bords du Volga, et après quinze batailles livrées contre un rival qui s’était élevé dans le sein de ses états, périt dans les déserts de la Sibérie. Timour poursuivit son ennemi jusque dans les provinces tributaires de la Russie ; il fit prisonnier un duc de la maison régnante, au milieu des ruines de sa principale ville ; et la vanité ou l’ignorance orientale put aisément confondre Yeletz avec la capitale de l’empire. L’approche du Tartare fit trembler Moscou, et la résistance n’aurait pas été vigoureuse, puisque les Russes plaçaient toutes leurs espérances dans une image miraculeuse de la Vierge à laquelle ils attribuent la retraite volontaire ou accidentelle du conquérant. La prudence et l’ambition le rappelaient vers le sud ; le pays était épuisé et les soldats mongouls étaient chargés de fourrures précieuses, de toiles d’Antioche[1] et de lingots d’or et d’argent[2]. Il reçut, sur les bords du Don ou

  1. Il est plus aisé de croire aux fourrures de Russie qu’aux lingots ; mais Antioche n’a jamais été fameuse pour les toiles, et cette ville était déjà ruinée. Je soupçonne que ces toiles manufacturées en Europe y avaient été portées par la voie de Novogorod, et probablement par des marchands des villes anséatiques.
  2. Lévesque (Hist. de Russie, t. II, p. 247 ; Vie de Timour, p. 64-67, avant la traduction française des Institutions) a corrigé les erreurs de Sherefeddin, et marqué les véritables limites des conquêtes de Timour ou Tamerlan. Ses argumens sont superflus, et les Annales de Russie suffisent pour constater que Moscou, qui avait été prise six