Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/355

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de l’Inde, eurent le choix de rester chez eux ou de suivre leur prince. Mais toutes les troupes des provinces et des royaumes de la Perse reçurent l’ordre de s’assembler à Ispahan, et d’y attendre l’arrivée de l’empereur. Il attaqua d’abord les chrétiens de la Géorgie, défendus seulement par leurs rochers, leurs forteresses et la rigueur de l’hiver ; mais la persévérance de Timour surmonta tous les obstacles. Les rebelles se soumirent soit au tribut, soit au Koran. Les deux religions tirèrent également vanité de leurs martyrs ; mais c’est aux prisonniers chrétiens que ce titre est le mieux dû, puisqu’ils pouvaient choisir entre la mort et l’abjuration. En descendant des montagnes, l’empereur donna audience aux premiers ambassadeurs de Bajazet, et entama une correspondance de reproches et de menaces qui s’aigrit insensiblement pendant deux ans avant que la querelle n’éclatât. Deux voisins ambitieux et jaloux manquent rarement de prétexte pour se faire la guerre. Les conquêtes des Mongouls et celles des Ottomans se touchaient aux environs d’Erzeroum et de l’Euphrate ; leurs limites incertaines n’étaient établies ni par des traités ni par une longue possession. Chacun de ces deux souverains pouvait accuser son rival d’avoir envahi son territoire, menacé ses vassaux ou protégé des rebelles, au nombre desquels ils comprenaient tous les princes fugitifs dont ils possédaient les royaumes, et dont ils poursuivaient encore avec acharnement la vie ou la liberté. L’opposition de leurs intérêts était cependant moins dangereuse que