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L’indignation lui donna bientôt des ailes pour voler au secours d’Angora ; et comme les deux généraux étaient impatiens de combattre, [Bataille d’Angora. A. D. 1402, 28 juillet.]les plaines qui l’avoisinent furent la scène d’une bataille mémorable, qui immortalisa la gloire de Timour et la honte de Bajazet.

Bataille d’Angora. A. D. 1402, 28 juillet.

L’empereur des Mongouls dut cette victoire à lui-même, au coup d’œil du moment, et à la discipline de trente années. Il avait perfectionné sa tactique sans contrarier l’antique habitude de sa nation[1], dont les forces consistaient encore dans l’adresse de ses archers et les évolutions rapides d’une nombreuse cavalerie. Soit qu’il conduisît au combat une petite troupe ou une grande armée, le mode d’attaque était le même. La première ligne chargeait d’abord et était soutenue avec ordre par les escadrons de l’avant-garde. Le général suivait des yeux la mêlée ; et, d’après ses ordres, les deux ailes s’avançaient successivement en plusieurs divisions, et se portaient en ligne droite ou oblique où l’empereur jugeait leur secours nécessaire. L’ennemi était pressé par dix-huit ou vingt attaques, dont chacune offrait une chance de victoire ; et lorsqu’elles manquaient tou-

    chacune de vingt-cinq milles ; d’Angora à Smyrne vingt, à Kiotahia dix, à Bursa dix, à Césarée huit, à Sinope dix, à Nicomédie neuf, à Constantinople douze ou treize. (Voy. les Voyages de Tournefort au Levant, t. II, lettre XXI.)

  1. Voyez les systèmes de tactique dans les Institutions ; les éditeurs anglais (p. 373-407) y ont ajouté des plans très-soignés qui en facilitent l’intelligence.