Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/375

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les divorces avaient profondément blessé le Tartare jaloux ; dans un festin donné en réjouissance de la victoire, ce furent des femmes qui servirent à boire aux convives, et le sultan eut la douleur de voir ses concubines et ses femmes légitimes confondues parmi les esclaves et exposées sans voile à la licence des regards. Pour éviter à l’avenir une humiliation semblable, on prétend que ses successeurs, excepté un seul, se sont abstenus du mariage ; et Busbequius[1], ambassadeur de Vienne à la Porte, et observateur attentif, atteste que dans le seizième siècle cette pratique et cette opinion subsistaient encore chez les ottomans. [4o. Par les Grecs.]4o. La différence de langage rend le témoignage d’un Grec aussi indépendant que celui d’un Arabe ou d’un Latin. En rejetant celui de Chalcocondyles et de Ducas, qui vivaient à une époque moins éloignée, et qui parlent de ce fait d’un ton moins affirmatif, on ne saurait raisonnablement refuser toute confiance à Georges Phranza[2], protovestiaire des derniers empereurs, et qui était né un an avant la bataille d’Angora. Vingt-deux ans après l’événement, on l’envoya comme ambassadeur à la

  1. Busbequius, in legatione turcicâ, epist. I, p. 52. Cette autorité respectable est un peu affaiblie par les mariages subséquens d’Amurath II avec une Servienne, et de Mahomet II avec une princesse d’Asie (Cant., p. 83-93).
  2. Voyez le témoignage de George Phranza (l. I, c. 29) et sa vie dans Hanckius (De scriptor. byzant., part. I, c. 40), Chalcocondyles et Ducas parlent vaguement des chaînes de Bajazet.