Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/377

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leuse un traitement semblable infligé à un roi de Perse son prédécesseur. Il condamna Bajazet à représenter la personne de l’empereur romain et à expier son insulte[1]. [Mort de Bazajet. A. D. 1403, 9 mars.]Mais le courage et les forces du sultan ne résistèrent point à cette épreuve, et l’on peut sans injustice attribuer sa mort prématurée à la sévérité de Timour. Celui-ci ne faisait point la guerre aux morts ; quelques larmes et un sépulcre, c’était tout ce qu’il pouvait accorder à un captif délivré de son pouvoir ; et si Mousa, le fils de Bajazet, obtint la permission de régner sur les ruines de Bursa, la plus grande partie de l’Anatolie n’en fut pas moins restituée à ses souverains légitimes.

Terme des conquêtes de Timour.

Timour possédait en Asie tout le pays qui s’étend depuis l’Irtish et le Volga jusqu’au golfe Persique, et depuis le Gange jusqu’à Damas et à l’Archipel. Son armée était invincible, et son ambition sans bornes. Son zèle aspirait à subjuguer et convertir les royaumes chrétiens de l’Occident que son nom faisait déjà trembler. Il touchait aux bornes de la terre ; mais une mer étroite, obstacle insurmontable, séparait l’Asie de l’Europe[2], et le maître de tant de tomans ou

  1. Un Sapor, roi de Perse, ayant été fait prisonnier, Maximien ou Galère, César, l’enferma dans une vache artificielle couverte de la peau d’un de ces animaux. Telle est au moins la fable racontée par Eutychès (Annal., t. I, p. 421, vers. Pococke). Le récit de la véritable histoire (voyez le deuxième vol. de cette histoire, p. 161), nous apprendra à apprécier l’érudition orientale de tous les siècles qui précédèrent l’hégire.
  2. Arabshah (t. II, c. 25) décrit en voyageur curieux