Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il avait versé ne pouvait s’expier que par une destruction proportionnée des infidèles : arrivé aux portes du paradis, il voulait s’y assurer une entrée glorieuse en détruisant les idoles de la Chine, en y fondant des mosquées dans toutes les villes, et en y établissant la croyance en un seul Dieu et en son prophète. L’expulsion récente des descendans de Gengis blessait l’orgueil du nom mongoul ; et les troubles de l’empire offraient la plus favorable occasion de vengeance. L’illustre Hongvou, fondateur de la dynastie des Ming, était mort quatre ans avant la bataille d’Angora ; et son petit-fils, faible et malheureux jeune homme, avait été brûlé dans son palais après une guerre civile qui avait coûté la vie à un million de Chinois[1]. Avant d’évacuer l’Anatolie, Timour envoya au-delà du Gihoon une armée ou plutôt une colonie de ses anciens et de ses nouveaux sujets, pour se faciliter l’accès du pays des Calmoucks et des Mongouls, idolâtres qu’il voulait subjuguer, et pour bâtir des villes et des magasins dans le désert ; il reçut bientôt, par les soins de son lieutenant, une carte et une description exacte des pays inconnus qui s’étendent depuis les sources de l’Irtish jusqu’au mur de la Chine. Durant ces préparatifs, l’empereur acheva la conquête de la Géorgie, passa l’hiver sur

  1. Synopsis Hist. Sinicæ, p, 74-76. Dans la quatrième partie des Relations de Thévenot, Du Halde (Hist. de la Chine, t. I, p. 507, 508, édit. in-fol.) ; et pour la chronologie des empereurs chinois, de Guignes (Hist. des Huns, t. I, p. 71, 72).