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Italiens, armés de lances et de haches de bataille, accompagnèrent Amurath à la conquête d’Andrinople, et ce service vénal obtint bientôt pour récompense la ruine du commerce et de la colonie de Phocée.

État de l’empire grec. A. D. 1402-1425.

Si Timour avait généreusement marché contre Bajazet à la requête et au secours de l’empereur grec, il aurait mérité la reconnaissance et les éloges des chrétiens[1] ; mais un musulman qui portait le glaive de la persécution dans la Géorgie, et respectait la sainte guerre de Bajazet, n’était point disposé à plaindre ou à protéger les idolâtres de l’Europe. Le Tartare n’écouta que son ambition, et la délivrance de Constantinople en fut la conséquence indirecte. Lorsque Manuel abdiqua le gouvernement, il demandait au ciel, plutôt qu’il ne l’espérait, de voir différer jusqu’à la fin de ses misérables jours la ruine de l’Église et de l’empire. Tandis qu’après son retour de l’Occident il s’attendait tous les jours à recevoir la nouvelle de cette catastrophe, il apprit

  1. De tous les écrivains qui ont vanté la générosité fabuleuse de Timour, celui qui a le plus abusé de cette supposition est sans contredit l’ingénieux sir William Temple, admirateur de toute vertu étrangère. Après la conquête de la Russie, etc., et le passage du Danube, son héros tartare délivre, visite, admire et refuse la capitale de Constantin ; son pinceau séduisant s’écarte à chaque ligne de la vérité de l’histoire, mais ses fictions ingénieuses sont encore plus pardonnables que les erreurs grossières de Cantemir. Voy. ses Œuvres, vol. III, p. 349, 350, éd. in-8o.