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cinq ans. À l’âge de douze ou de quatorze ans, on enlevait les garçons les plus vigoureux à leurs pères, on enregistrait leurs noms dans le rôle militaire, et dès cet instant, ils étaient vêtus, nourris et instruits aux dépens du public, et destinés à le servir. Selon ce que promettait leur extérieur, on les choisissait pour les écoles royales de Bursa, de Péra et d’Andrinople ; on les confiait à la surveillance des pachas, ou bien on les dispersait dans les familles des paysans de l’Anatolie. Le premier soin de leurs maîtres était de leur enseigner la langue turque ; on exerçait leur corps à tous les travaux qui pouvaient le fortifier. Ils apprenaient à lutter, à sauter, à courir, à se servir de l’arc, et dans la suite du mousquet, jusqu’au moment où ils entraient dans les compagnies et les chambrées des janissaires pour y être sévèrement dressés à la discipline monastique ou militaire de l’ordre. Les plus distingués par les talens, la figure ou la naissance passaient dans la classe des agiamoglans ou au rang supérieur des ichoglangs ; les premiers étaient attachés au palais, et les autres à la personne du souverain. Ils s’exerçaient dans quatre écoles successives, sous la férule des eunuques blancs, à manier un cheval et à lancer un javelot. Ceux dont le caractère paraissait plus disposé à l’étude, s’appliquaient à celle du Koran et des langues arabe et persanne. À mesure qu’ils avançaient en âge et en mérite, on les faisait passer dans les emplois militaires, civils ou ecclésiastiques. Plus on les conservait, plus ils avaient l’espérance d’un rang distingué. À un âge