Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/421

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tômes d’empereurs qui représentaient la majesté de Constantin et de Charlemagne. Dans cette visite de supplication le souverain de Constantinople, dont le malheur absorbait la vanité, poussa la soumission des paroles et des formes au-delà de ce qu’on pouvait attendre : obligé de passer d’abord par un examen, il reconnut, en bon catholique, en présence de quatre cardinaux, la suprématie du pape et la double procession du Saint-Esprit. Après cette purification, on l’introduisit à une audience publique dans l’église de Saint-Pierre, où Urbain siégeait sur son trône, environné d’un cortége de cardinaux. Le prince grec, après trois génuflexions, baisa dévotement les pieds, les mains et enfin la bouche du saint Père, qui célébra une grand’messe en sa présence, lui permit de tenir la bride de sa mule, et lui donna un repas somptueux dans le Vatican. Malgré cette réception amicale et honorable, Urbain accorda quelque préférence à l’empereur d’Occident[1], et Paléologue n’obtint point le rare privilége de chanter l’Évangile en qualité de diacre[2]. Urbain tâcha de

  1. Paulo minus quam si fuisset imperator Romanorum. Cependant on ne lui disputait plus son titre d’empereur des Grecs. (Vit. Urbani V, p. 623).
  2. Elle était réservée aux successeurs de Charlemagne, et ils n’en pouvaient jouir que le jour de Noël : à toutes les autres fêtes, ces diacres couronnés se contentaient de présenter au pape le livre et le corporal lorsqu’il disait la messe. Cependant l’abbé de Sade a la générosité de croire qu’il est possible qu’on se soit relâché de cette règle en faveur du