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cond des princes chrétiens. Manuel inspira la compassion comme confesseur et champion de la foi, et la dignité de sa conduite empêcha que cette compassion ne dégénérât en mépris. De Venise, il passa successivement à Padoue et à Pavie. Le duc de Milan, quoique allié secret de Bajazet, le fit conduire honorablement jusqu’aux frontières de ses états[1]. [À la cour du roi de France. A. D. 1400, 3 juin.]Lorsqu’il entra sur les terres[2] de France, les officiers du roi se chargèrent de l’accompagner et de le défrayer. Une cavalcade de deux mille des plus riches citoyens de Paris alla en armes au-devant de lui jusqu’à Charenton. Aux portes de Paris, il fut complimenté par le chancelier et le parlement, et Charles VI, suivi des princes et de la noblesse, embrassa son frère avec cordialité. On revêtit le successeur de Constantin d’une robe de soie blanche, et on lui présenta pour monture un superbe cheval blanc. Ce cérémonial n’est point indifférent chez les Français : on y considère la couleur blanche comme le symbole de la souveraineté ; et l’empereur d’Allema-

  1. Muratori, Annali d’Italia, t. XII, p. 406. Jean Galeazzo fut le premier et le plus puissant des ducs de Milan, Ses liaisons avec Bajazet sont attestées par Froissard ; et il contribua à sauver ou à délivrer les prisonniers français de Nicopolis.
  2. Pour la réception de Manuel à Paris, voyez Spondanus (Annal. ecclés., t. I, p. 676, 677, A. D. 1400, no 5), qui cite Juvénal des Ursins et les moines de Saint-Denis, et Villaret (Hist. de France, t. XII, p. 331-334), qui ne cite personne, conformément à la nouvelle mode des écrivains français.