Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/427

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gleterre. Sur la route de Douvres à Londres, le prieur et les moines de saint Augustin lui firent à Cantorbéri une réception honorable. À Blackheath, il trouva le roi Henri IV, qui, suivi de toute sa cour, vint saluer le héros grec, dit notre vieil historien, dont je transcris exactement les expressions, et fut traité à Londres, durant plusieurs jours, comme l’empereur de l’Orient[1]. Mais l’Angleterre était encore moins disposée que la France à entreprendre une croisade. Dans cette même année, le souverain légitime avait été déposé et mis à mort. L’ambitieux usurpateur, Henri de Lancastre, en proie à l’inquiétude et aux remords, n’osait éloigner ses troupes d’un tronc continuellement ébranlé par des révoltes et des conspirations ; il plaignit, loua et fêta l’empereur de Constantinople ; mais s’il fit vœu de prendre la croix, ce fut sans doute pour apaiser son peuple et peut-être sa conscience par le mérite ou l’apparence de ce pieux projet[2]. [Son retour en Grèce. A. D. 1402.]Comblé cependant de présens et

  1. Le docteur Hody a tiré d’un manuscrit de Lambeth (De Græcis illustribus) une note sur le séjour de Manuel en Angleterre. Imperator, diu variisque et horrendis paganorum insultibus coarctatus, ut pro eisde resistentiam triumphalem perquireret : Anglorum regem visitare decrevit, etc. Rex (dit Walsingham, p. 364) nobili apparatû… suscepit (ut decuit) tantum Heroa ; duxitque Londonias, et per multos dies exhibuit gloriose, pro expensis hospitii sui solvens, et eum respiciens tanto fastigio donativis. Il répète la même chose dans son Upodigma Neustriæ (p. 556).
  2. Shakespeare commence et termine la tragédie de