Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/431

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et des canons, connus aujourd’hui de la plus grande partie des nations. [De la France.] 2o. Le royaume de France s’étend environ à quinze ou vingt jours de marche depuis l’Allemagne jusqu’à l’Espagne, et depuis les Alpes jusqu’à la mer, qui la sépare de l’Angleterre : on y trouve un grand nombre de villes florissantes. Paris, la résidence des rois, surpasse toutes les autres en luxe et en richesses. Un grand nombre de princes et de seigneurs se rendent alternativement dans le palais du monarque, et le reconnaissent pour leur souverain. Les plus puissans sont les ducs de Bretagne et de Bourgogne : le dernier possède les riches provinces de Flandre, dont les ports sont fréquentés par nos commerçans et par les négocians des pays les plus éloignés. La nation française est ancienne et opulente ; son langage et ses mœurs, bien qu’avec quelque différence, ne s’éloigne pas entièrement de celles des Italiens. La dignité impériale de Charlemagne, leurs victoires sur les Sarrasins, et les exploits de leurs héros Olivier et Roland[1], les enorgueillissent au point qu’ils se regardent comme le premier peuple de l’Occident ; mais cette vanité insensée a été récemment humiliée par l’événement

  1. On traduisait dans le quatorzième siècle la plupart des vieux romans en prose française, et ils devinrent la lecture favorite des chevaliers et des dames de la cour de Charles VI. Un Grec est sûrement plus excusable d’avoir cru aux exploits d’Olivier et de Roland, que les moines de Saint-Denis d’avoir inséré dans leur Chronique de France les fables de l’archevêque Turpin.