Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/443

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butions. Leur hardiesse fut justifiée, non-seulement par l’opinion générale du clergé, mais par l’approbation et la protection des premiers monarques de la chrétienté. L’empereur Sigismond se déclara le serviteur et le défenseur du synode ; l’Allemagne et la France en firent autant ; le duc de Milan était l’ennemi personnel d’Eugène, et une émeute du peuple romain força le pontife à fuir du Vatican. Rejeté à la fois par ses sujets spirituels et temporels, il ne lui resta d’autre parti à prendre que celui de la soumission. Eugène se rétracta dans une bulle humiliante, qui ratifiait tous les actes du concile, incorporait ses légats et les cardinaux à cette assemblée vénérable, et semblait annoncer sa résignation aux décrets d’une législature suprême. Leur renommée s’étendit jusque dans l’Orient, et ce fut en présence des Pères du concile que Sigismond reçut les ambassadeurs ottomans[1], qui mirent à ses pieds douze grands vases remplis de robes de soie et de pièces d’or. [Négociations avec les Grecs. A. D. 1434-1437.]Les Pères de Bâle aspiraient à la gloire de ramener les Grecs et les Bohémiens dans le giron de l’Église ; leurs députés pressèrent l’empereur et le patriarche de Constantinople de se réunir à une assemblée qui possédait la confiance des nations de l’Occident. Paléologue n’était point éloigné d’accepter cette proposition, et le sénat catholique reçut honorablement ses ambas-

  1. L’annaliste Spondanus (A. D. 1433, no 25, t. I, p. 824) raconte, d’une manière peu affirmative, cette ambassade ottomane, qui n’est attestée que par Crantzius.