Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/447

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reuse entreprise. Il se rappelait les conseils de son père, et le bon sens devait lui suggérer que les Latins divisés entre eux, ne s’accorderaient pas pour une cause étrangère. Sigismond essaya de le détourner de son voyage. On ne pouvait le soupçonner de partialité, puisqu’il adhérait au concile, et ce conseil recevait encore du poids de l’étrange opinion où l’on était que Sigismond nommerait un Grec pour successeur à l’empire[1]. Le sultan des Turcs était encore un conseiller qui ne méritait pas sa confiance, mais qu’il craignait d’offenser. Amurath ne comprenait rien aux querelles des chrétiens. Bien qu’il redoutât leur union, il offrit d’ouvrir ses trésors aux besoins de Paléologue, en déclarant toutefois, avec une apparence de générosité, que Constantinople serait inviolablement respectée durant l’absence de son souverain[2]. Les plus riches présens et les plus belles promesses achevèrent de décider le prince grec. Il désirait s’éloigner pour quelque temps d’une scène de malheur et de danger. Après s’être débar-

  1. Syropulus parle des espérances de Paléologue (p. 36) et du dernier avis de Sigismond (p. 37). L’empereur grec apprit à Corfou la mort de son ami, et s’il en eût été instruit plus tôt, il serait retourné à Constantinople (p. 79).
  2. Phranza lui-même, quoique par des motifs différens, était de l’avis d’Amurath (l. II, c. 13). Utinam ne synodus ista unquam fuisset, si tantas offensiones et detrimenta paritura erat. Syropulus parle aussi (p. 58) de l’ambassade ottomane. Amurath tint sa parole. Il menaça peut-être (p. 125-219), mais n’attaqua point la ville.