Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/459

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provincial ne peut prévaloir contre le jugement universel de l’Église catholique. Quant au fond de la doctrine, les argumens étaient égaux des deux côtés, et la dispute paraissait interminable : la procession d’un Dieu confond l’intelligence humaine. L’Évangile, placé sur l’autel, n’offrait rien qui put résoudre cette question ; les textes des Pères pouvaient avoir été falsifiés par supercherie ou embrouillés par des argumens captieux ; et les Grecs ne connaissaient ni les écrits des saints latins, ni leurs caractères[1]. Nous pouvons du moins être assurés que les argumens de chacun des deux partis parurent impuissans à ceux du parti opposé. La raison peut éclairer le préjugé ; une attention soutenue peut rectifier l’erreur du premier coup d’œil, lorsque l’objet est à notre portée : mais les évêques et les moines avaient appris dès leur enfance à répéter une formule de mots mystérieux ; ils attachaient leur honneur national et personnel à la répétition des mêmes mots ; et l’aigreur d’une dispute publique acheva de les rendre intraitables.

Négociations avec les Grecs.

Tandis qu’ils se perdaient dans un labyrinthe d’argumens obscurs, le pape et l’empereur désiraient également une apparence d’union qui pouvait seule remplir le but de leur entrevue : l’obstination ne ré-

  1. Ώς εγω (dit un Grec célèbre) οταν εις ναον εισελβω Λατινων ο‌υ προσκυνω τινα των εκεισε αγιων, εωει ο‌υδε γνωριζω τινα (Syropulus, p. 109). Voyez l’embarras des Grecs (p. 217, 218, 252, 253, 273).