Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/460

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sista point à des négociations personnelles et secrètes. Le patriarche Joseph avait succombé sous le poids de l’âge et des infirmités ; ses dernières paroles avaient été des paroles de paix et de charité. L’espoir d’occuper sa place tentait l’ambition du clergé ; et la prompte soumission des archevêques de Russie et de Nicée, Isidore et Bessarion, fut achetée et récompensée par une prompte promotion à la dignité de cardinal. Dans les premiers débats, Bessarion s’était montré le plus ferme et le plus éloquent champion de l’Église grecque ; et, si sa patrie le rejeta comme apostat et comme enfant illégitime[1], il présenta, si l’on peut en croire l’histoire ecclésiastique, l’exemple rare d’un patriote qui se recommande à la cour par une résistance marquante et une soumission placée à propos. Aidé de ses deux coadjuteurs spirituels, l’empereur sut employer vis-à-vis de chacun des évêques les argumens les plus appropriés à leur situation générale et à leur caractère particulier. Tous cédèrent successivement à l’exemple ou à l’autorité. Prisonniers chez les Latins, et dépouillés de leurs revenus par les Turcs, trois robes et quarante ducats formaient leur trésor qui se trouva bientôt épuisé[2]. Ils dépendaient, pour

  1. Voyez la dispute polie de Marc d’Éphèse et de Bessarion, dans Syropulus (p. 257), qui ne dissimule jamais les vices de ses compatriotes, et rend un hommage impartial aux vertus des Latins,
  2. Relativement à l’indigence des évêques grecs, voyez un passage de Ducas (c. 31). Un de ces prélats possédait