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leur retour, des vaisseaux de Venise et de la générosité du pape ; et, telle était leur indigence, qu’il suffit pour les gagner de leur offrir le payement des arrérages qui leur étaient dus[1]. Le secours qu’exigeait le danger de Constantinople pouvait excuser une prudente et pieuse dissimulation ; mais on y ajouta de vives inquiétudes pour leur sûreté personnelle, en insinuant que les hérétiques opiniâtres seraient abandonnés en Italie à la justice ou à la vengeance du pontife romain[2]. Dans l’assemblée particulière des Grecs, vingt-quatre membres de cette Église approuvèrent la formule d’union, et il n’y eut que douze opposans. Mais les cinq porte-croix de Sainte-Sophie, qui prétendaient à remplacer le patriarche, furent repoussés par les règles de l’ancienne discipline ; leur droit de voter fut transmis à des moines, à des grammairiens, à des laïques, dont on attendait plus de complaisance ; et la volonté du

    pour tout bien trois vieilles robes, etc. Bessarion avait gagné quarante florins d’or à enseigner pendant vingt-un ans dans son monastère ; mais il en avait dépensé vingt-huit dans son voyage du Péloponnèse, et le reste à Constantinople (Syropulus, p. 127).

  1. Syropulus prétend que les Grecs ne reçurent point d’argent avant d’avoir signé l’acte d’union (p. 283) ; il raconte cependant quelques circonstances suspectes ; et l’historien Ducas affirme qu’ils se laissèrent corrompre par des présens.
  2. Les Grecs expriment douloureusement leurs craintes d’un exil ou d’un esclavage perpétuel (p. 196), et furent extrêmement frappés des menaces de l’empereur (p. 260).