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État de la langue grecque à Constantinople. A. D. 1330-1453.

Les voyages consécutifs de trois empereurs ne leur produisirent pas de grands avantages dans ce monde ni peut-être dans l’autre ; mais les suites en furent heureuses. Ils portèrent l’érudition grecque en Italie, d’où elle se répandit chez toutes les nations de l’Occident et du Nord. Dans l’esclavage abject où étaient réduits les sujets de Paléologue, ils possédaient encore la clef précieuse des trésors de l’antiquité, cette langue harmonieuse et féconde qui donne une âme aux objets des sens, et un corps aux abstractions de la philosophie. Depuis que les Barbares, après avoir forcé les barrières de la monarchie, s’étaient répandus jusque dans la capitale, ils avaient sans doute corrompu la pureté du dialecte, et il a fallu d’abondans glossaires pour interpréter une multitude de mots tirés des langues arabe, turque, esclavonne, latine ou française[1]. Mais cette pureté se soutenait à la cour, et on l’enseignait encore dans

    gustin Patrice, Italien du quinzième siècle. Ils ont été rédigés et abrégés par Dupin (Bibl. ecclés., t. XII) et le continuateur de Fleury (t. XXII) ; le respect de l’Église gallicane pour les deux partis les a contenus dans une circonspection qui les rend presque ridicules.

  1. Meursius, dans son premier Essai, rassembla trois mille six mots græco-barbares ; il en ajouta mille huit cents dans une seconde édition, et laissa cependant encore beaucoup à faire à Portius, Ducange, Fabrotti, les Bollandistes, etc. (Fabr., Bibl. græc., t. X, p. 101, etc.) On trouve des mots persans dans Xénophon, et des mots latins dans Plutarque ; tel est l’effet inévitable du commerce et de la guerre : mais cet alliage n’altéra point le fond de la langue.