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Bologne jusqu’à Oxford[1], et leur ardeur mal dirigée pouvait se tourner vers des études plus libérales et plus nobles. Dans la résurrection des sciences l’Italie fut la première qui jeta pour ainsi dire son linceul, et Pétrarque a mérité, par ses leçons et son exemple, d’être considéré comme le premier qui en ralluma le flambeau. L’étude et l’imitation des écrivains de l’ancienne Rome produisirent un style plus pur, des raisonnemens plus justes et des sentimens plus nobles. Les disciples de Virgile et de Cicéron s’approchèrent avec un empressement respectueux : des Grecs maîtres de ces grands écrivains. Dans le sac de Constantinople, les Français et même les Vénitiens avaient méprisé et détruit les ouvrages de Lysippe et d’Homère : un seul coup suffit pour anéantir irrévocablement les chefs-d’œuvre de l’art ; mais la plume renouvelle et multiplie par la copie les œuvres du génie, et posséder et comprendre ces copies, fut l’ambition de Pétrarque et de ses amis. La conquête des Turcs hâta sans doute le départ des muses, et nous ne pouvons nous défendre d’un mouvement de

  1. À la fin du quinzième siècle, il existait en Europe environ cinquante universités, plusieurs avaient été fondées avant l’année 1300. Elles étaient peuplées en raison de leur petit nombre. Bologne comptait dix mille étudians, principalement de jurisprudence. Dans l’année 1357, les étudians d’Oxford diminuèrent de trente mille à six mille (Hist. de la Grande-Bretagne, par Henri, vol. IV, p. 478}. Cependant ce reste était encore fort supérieur au nombre qui compose aujourd’hui cette université.