chesse de Venise et l’élégance des Florentins. Ses amis d’Italie furent sourds à ses importunités : comptant sur leur curiosité et leur indulgence, il s’embarqua pour un second voyage ; mais à l’entrée du golfe Adriatique, le vaisseau qu’il montait fut assailli d’une tempête ; et l’infortuné professeur, qui s’était attaché comme Ulysse à un mât, périt frappé de la foudre. Le sensible Pétrarque donna des larmes à sa mort ; mais il s’informa surtout soigneusement si quelque copie de Sophocle ou d’Euripide n’était point tombée entre les mains des mariniers[1].
Établissement de la langue grecque en Italie par Manuel Chrysoloras. A. D. 1390-1415.
Les faibles germes recueillis par Pétrarque et semés par Boccace, se desséchèrent bientôt. La génération suivante se borna d’abord à perfectionner l’éloquence latine ; elle abandonna l’érudition grecque, et ce ne fut que vers la fin du treizième siècle que cette étude se renouvela d’une manière durable en Italie[2]. Avant d’entreprendre son voyage, Manuel
- ↑ Léonce ou Léon Pilate est suffisamment connu par ce qu’en disent le docteur Hody (p. 2-11) et l’abbé de Sade (Vie de Pétrarque, t. III, p. 625-634, 670-673). L’abbé de Sade a très-habilement imité le style dramatique et animé de son original.
- ↑ Le docteur Hody (p. 54) blâme aigrement Léonard Arétin, Guarin, Paul Jove, etc., d’avoir affirmé que les lettres grecques avaient été restaurées en Italie, post septingentos annos ; comme si, dit-il, elles avaient fleuri jusqu’à la fin du septième siècle. Ces écrivains dataient probablement de la fin de l’exarchat, et la présence des militaires et des magistrats grecs à Ravenne devait avoir conservé en quelque façon l’usage de leur langue nationale.