Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/488

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de querelles théologiques. Son style est un précieux modèle de la pureté du dialecte attique ; il adapte souvent ses plus sublimes pensées au ton familier de la conversation, et les enrichit quelquefois de tout l’art de l’éloquence et de la poésie. Les Dialogues de ce grand homme présentent un tableau dramatique de la vie et de la mort d’un sage ; et quand il daigne descendre des cieux, son système moral imprime dans l’âme l’amour de la vérité, de la patrie et de l’humanité. Socrate, par ses préceptes et son exemple, avait recommandé un doute modeste et de libres recherches ; et l’enthousiasme des platoniciens, qui adoraient aveuglément les visions et les erreurs de leur divin maître, pouvait servir à corriger la méthode sèche et dogmatique de l’école péripatéticienne. Aristote et Platon offrent des mérites si égaux, quoique très-différens, qu’on trouverait, en les balançant, la matière d’une controverse interminable ; mais quelque étincelle de liberté peut jaillir du choc de deux servitudes opposées. Ces deux sectes divisèrent les Grecs modernes, qui combattirent sous l’étendard de leurs chefs avec moins d’intelligence que de fureur : les fugitifs de Constantinople choisirent Rome pour leur nouveau champ de bataille ; mais les grammairiens mêlèrent bientôt à cette contestation philosophique la haine et les injures personnelles ; et Bessarion, quoique partisan zélé de Platon, soutint l’honneur national en interposant les avis et l’autorité d’un médiateur. La doctrine de l’Académie faisait, dans les jardins des Médicis, les plaisirs des