Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/490

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des principaux savans de son siècle ; il devint leur protecteur, et telle était la rare simplicité de ses mœurs, qu’eux ni lui ne s’aperçurent presque pas de ce changement. Lorsqu’il pressait d’accepter un présent, il ne l’offrait pas comme une mesure du mérite, mais comme une marque de son affection ; et lorsque la modestie hésitait à profiter de sa faveur : « Acceptez, disait-il, avec le sentiment de ce qu’il valait, vous n’aurez pas toujours un Nicolas parmi vous. » L’influence du saint siége se répandit dans toute la chrétienté, et le vertueux pontife en profita plus pour acquérir des livres que des bénéfices. Il fit chercher dans les ruines des bibliothéques de Constantinople et dans tous les monastères de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, les manuscrits poudreux de l’antiquité, dont il faisait tirer des copies exactes lorsqu’on refusait de lui vendre l’original. Le Vatican, ancien dépôt des bulles et des légendes, des monumens de la superstition et de la fraude, se remplit d’un mobilier plus intéressant ; et telle fut l’activité de Nicolas, que, dans les huit années de son règne, il parvint à composer une bibliothéque de cinq mille volumes. C’est à sa munificence que le monde latin fut redevable des traductions de Xénophon, Diodore, Polybe, Thucydide, Hérodote et Appien ; de la Géographie de Strabon, de l’Iliade, des plus précieux ouvrages de Platon, d’Aristote, de

    main. (Lettres sur l’étude de l’Hist., l. VI, p. 165, 166, édit. in-8o, 1779.)