Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/82

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particuliers appartenaient aux Latins par le droit de la guerre que n’avait modifié aucune promesse ni aucun traité, et toutes les mains, selon leur pouvoir et leur force, étaient également propres à exécuter la sentence et à saisir les objets confisqués. L’or et l’argent monnayés ou non monnayés fournissaient des objets d’échange universels et portatifs, que chacun pouvait, ou sur le lieu même, ou ailleurs, convertir de la manière qui convenait le mieux à son caractère et à sa situation. Des richesses que le luxe et le commerce avaient accumulées dans la capitale, les étoffes de soie, les velours, les fourrures et les épiées, étaient les plus précieuses, parce que, dans les parties moins civilisées de l’Europe, on ne pouvait pas se les procurer pour de l’argent. [Partage du butin.]On établit un ordre dans le pillage ; et l’on ne s’en remit pas au hasard ou à l’adresse particulière des vainqueurs du soin de régler la part de chacun ; trois églises furent choisies pour le dépôt général, et les pèlerins reçurent l’ordre d’y porter tout leur butin, sans en rien distraire, sous les peines terribles réservées au parjure, la mort et l’excommunication. Un simple soldat recevait une part, le sergent à cheval deux parts, le chevalier quatre, et on augmentait ensuite en proportion du rang et du mérite des barons et des princes. On pendit avec sa cotte d’arme et son bouclier à son cou, un chevalier du comte de Saint-Pol, convaincu d’avoir violé cet engagement sacré. Un exemple si sévère dut rendre les autres plus habiles et plus prudens ; mais l’avidité l’emporta sur la