Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/95

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et les barons français. On convint que tous les feudataires, dont, par une honorable distinction, le doge fut seul excepté, prêterait au nouveau souverain foi, hommage et serment de service militaire, comme au chef suprême de l’empire ; que celle des deux nations qui donnerait l’empereur, céderait à l’autre la nomination du patriarche ; et que tous les pèlerins, quelle que fût leur impatience de visiter la Terre-Sainte, consacreraient encore une année à la conquête et à la défense des provinces de l’empire grec. Lorsque les Latins furent les maîtres de Constantinople, ils confirmèrent le traité et l’exécutèrent. Le premier et le plus important de leurs soins fut l’élection d’un empereur. Les six électeurs français étaient tous ecclésiastiques : l’abbé de Loces, l’archevêque élu d’Acre en Palestine, et les évêques de Soissons, de Troie, d’Halberstadt et de Bethléem : ce dernier remplissait dans le camp l’office de légat du pape. Respectables par leurs lumières et leur caractère sacré, ils étaient d’autant plus propres à faire un choix, qu’ils ne pouvaient pas en être l’objet. On choisit les six Vénitiens parmi les principaux ministres de l’état, et les illustres familles des Querini et des Contarini s’enorgueillissent encore d’y trouver leurs ancêtres. Les douze électeurs s’assemblèrent dans la chapelle du palais, et procédèrent à l’élection après avoir solennellement invoqué le Saint-Esprit. Le respect et la reconnaissance réunirent d’abord tous les suffrages en faveur du doge. Il était l’auteur de l’entreprise, et, malgré son âge et son état de cécité, ses exploits