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monumens fabuleux d’or ou d’argent. Il distingue toutefois de ces merveilles, qui n’existaient que dans la mémoire ou n’avaient peut-être existé que dans l’imagination, le pilier de porphyre, la colonne et le colosse de Justinien[1], l’église et surtout le dôme de Sainte-Sophie, qui termine convenablement son tableau, puisqu’il ne peut, dit-il, être décrit d’une manière digne de ses beautés, et qu’après en avoir parlé, on ne peut nommer aucun autre objet. Mais il oublie d’observer que dans le siècle précédent, les fondemens du colosse et de l’église avaient été soutenus et réparés par les soins actifs d’Andronic l’ancien. Trente ans après que l’empereur eut consolidé Sainte-Sophie, au moyen de deux nouveaux supports ou pyramides, l’hémisphère oriental du dôme s’écroula tout à coup ; les images, les autels et le sanctuaire furent écrasés sous les ruines : mais le mal ne tarda pas à être réparé. Les citoyens de toutes les classes travaillèrent avec persévérance à déblayer les décombres ; et les Grecs employèrent les tristes débris de leur richesse et de leur industrie

  1. Nicéphore Grégoras a décrit le colosse de Justinien (l. VII, 12) ; mais ses dimensions sont fausses et contradictoires. L’éditeur Boivin a consulté son ami Girardon, et le sculpteur lui a donné les justes proportions d’une statue équestre. Pierre Gyllius a encore vu celle de Justinien : elle n’était plus sur une colonne, mais dans la cour extérieure du sérail. Il était à Constantinople lorsqu’on la fondit et qu’on la convertit en une pièce de canon (De topograph. C. P., l. II, c. 17).