Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/141

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dieux et ses Césars, et la domination des Goths n’avait été ni plus humiliante ni plus oppressive que la tyrannie des Grecs. Au huitième siècle de l’ère chrétienne, une querelle religieuse sur le culte des images excita les Romains à recouvrer leur indépendance. Leur évêque devint le père temporel et spirituel d’un peuple libre ; et l’empire d’Occident, rétabli par Charlemagne, releva encore de l’éclat de son nom la singulière constitution de l’Allemagne moderne. Le nom de Rome nous frappe toujours d’un respect involontaire. Ce climat, dont je n’examine pas ici l’influence, n’était plus le même[1] ; la pureté de son sang s’était corrompue à travers mille canaux étrangers ; mais ses ruines vénérables et le souvenir de sa grandeur passée, ranimèrent une étincelle du caractère de la nation. Les ténèbres du moyen âge offrent quelques scènes dignes de nos regards, et je ne terminerai cet ouvrage qu’après avoir jeté un coup d’œil sur l’état et les révolutions de la ville de Rome, qui se soumit à l’autorité absolue des papes,

  1. L’abbé Dubos, qui a soutenu et exagéré l’influence du climat avec moins de génie que Montesquieu son successeur, s’objecte à lui-même la dégénération des Romains et des Bataves. Il répond sur le premier de ces exemples, 1o. que l’altération est moins réelle qu’apparente, et que les modernes Romains ont la prudence de cacher en eux-mêmes les vertus de leurs ancêtres ; 2o. que l’air, le sol et le climat de Rome ont souffert une grande et visible altération. (Réflexions sur la Poésie et la Peinture, part. II, sect. 16.)