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paraître en Occident quelques étincelles de curiosité et de raison. La secte des pauliciens, qui avait commencé dans la Bulgarie, s’établit en Italie et en Frange : les visions des gnostiques se mêlèrent à la simplicité de l’Évangile, et les ennemis du clergé accordèrent leurs passions et leur conscience, la dévotion et l’amour de la liberté[1]. Arnaud de Brescia[2], qui ne s’éleva jamais au-dessus des derniers rangs de l’Église, et qui portait l’habit de moine, plutôt comme la livrée de la pauvreté, que comme celui de l’obéissance, emboucha le premier la trompette de la liberté romaine. Ses adversaires ne pouvaient lui refuser l’esprit et l’éloquence, car ils en avaient souvent éprouvé les traits ; ils avouent malgré eux la pureté spécieuse de sa morale, et ses erreurs en imposaient au public par un mélange de vérités utiles et importantes. Dans ses études théolo-

  1. Mosheim expose les hérésies du douzième siècle (Instit. Hist. ecclés., p. 419-427). Il a une opinion favorable d’Arnauld de Brescia. J’ai parlé ailleurs de la secte des pauliciens (c. 54), et j’ai suivi leurs migrations depuis l’Arménie jusque dans la Thrace et la Bulgarie, en Italie et en France.
  2. Arnaud de Brescia nous a été peint d’original par Othon de Freysingen (Chron., l. VII, c. 31 ; De gestis Frederici, l. I, c. 27 ; l. II, c. 21), et dans le troisième livre du Ligurinus, poëme de Gunther, auteur qui vivait A. D. 1200, dans le monastère de Paris, près de Bâle (Fabricius, Bibl. lat. med. et infim. œtat., t. III, p. 174, 175). Guilliman (De rebus helveticis, l. III, c. 5, p. 108) copie le long passage qui a rapport à cet hérésiarque.