Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/237

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ville levèrent, habillèrent et payèrent à leurs frais une milice permanente de trois cent soixante cavaliers et de treize cents fantassins, et on retrouve l’esprit des républiques dans le don de cent florins qu’on assigna, comme un témoignage de reconnaissance, aux héritiers des soldats qui perdraient la vie au service de la république. Rienzi employa sans crainte de sacrilége les revenus de la chambre apostolique aux frais de la défense de l’état, à l’établissement des greniers publics, au soulagement des veuves, des orphelins et des couvens pauvres. L’impôt sur les feux, l’impôt sur le sel et les douanes produisaient chacun cent mille florins par année[1] ; les abus étaient bien crians, si, comme on le dit, la judicieuse économie du tribun tripla en quatre ou cinq mois le revenu de la contribution sur le sel. Après avoir ainsi rétabli les forces et les finances de la république, Rienzi manda les nobles qui, dans leurs châteaux solitaires, continuaient à jouir de l’indépendance ; il leur enjoignit de se trouver au Capitole, et de venir prêter le serment de fidélité au nouveau gouvernement, et de soumission aux lois

  1. Je lis dans un manuscrit perfumante quatro soldi, dans un autre quatro fiorini ; cette différence est grave, puisque le florin valait dix solidi romains (Murat., Diss. 28). Il résulte de la première version qu’il y avait à Rome vingt-cinq milles familles, et de la seconde, qu’il y en avait deux cent cinquante mille, et j’ai lieu de craindre que la première ne soit plus conforme à la situation où était tombée Rome à cette époque, et au peu d’étendue de son territoire.