Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/296

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la plume des plus nobles historiens de cette époque[1]. Durant la première période de leurs conquêtes, et jusqu’à l’expédition de Charles VIII, les papes furent en état de lutter avec succès contre les princes et les pays voisins, dont les forces militaires étaient inférieures, ou tout au plus égales à celles de la cour de Rome ; mais dès que les monarques de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne, se disputèrent avec des armées gigantesques, la domination de l’Italie, les successeurs de saint Pierre appelèrent l’artifice au secours de leur faiblesse ; ils cachèrent dans un labyrinthe de guerres et de traités leurs vues ambitieuses, et l’espoir qui ne les abandonne jamais, de reléguer les Barbares au-delà des Alpes. Les guerriers du Nord et de l’Occident réunis sous le drapeau de Charles-Quint, détruisirent souvent l’équilibre que le Vatican s’efforçait d’établir ; les plans mobiles et faibles de Clément VIII exposèrent sa personne et ses états ; et Rome fut en proie, durant sept mois, à une armée sans frein, plus cruelle et plus avide que les Goths et les Vandales[2], Après

  1. Surtout par Guichardin et Machiavel : le lecteur peut consulter l’Histoire générale du premier, l’Histoire de Florence, le Prince et les Discours politiques du second. Guichardin et Machiavel, Fra-Paolo et Davila, leurs dignes successeurs, ont été regardés avec raison comme les premiers historiens des peuples modernes, jusqu’au moment actuel, où l’Écosse s’est levée pour disputer cette gloire à l’Italie.
  2. Dans l’Histoire du siége de Rome par les Goths, j’ai comparé (chap. XXXI) les Barbares et les sujets de Charles--