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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/316

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toyer et agrandir son lit, qu’avaient encombré les ruines, n’empêchèrent pas ses successeurs d’avoir à s’occuper des mêmes périls et des mêmes travaux[1]. La superstition et des intérêts particuliers arrêtèrent longtemps le projet de détourner dans de nouveaux canaux le Tibre, ou quelques-unes des rivières qui lui portent leur tribut[2]. On l’a exécuté depuis ; mais les avantages de cette opération tardive et mal faite n’ont pas dédommagé du travail et de la dépense. L’asservissement des rivières est la victoire la plus belle et la plus importante que les hommes aient obtenue sur les révoltes de la nature[3]. Et si le Tibre put faire de pareils ravages sous un gouvernement actif et ferme, qui pouvait arrêter ou qui

    de ces édifices pouvait à peine mériter les épithètea de vetustissima ou d’incorrupta.

  1. Ad coercendas inundationes alveum Tiberis laxavit ac repurgavit, completum olim ruderibus, et ædificiorum prolapsionibus coarctatum (Suétone, in Augusto, c. 30).
  2. Tacite rapporte les pétitions que les différentes villes de l’Italie adressèrent au sénat contre cette mesure. On peut remarquer ici les progrès de la raison. Dans une pareille affaire on consulterait sans doute les intérêts locaux ; mais la chambre des communes rejeterait avec dédain cet argument superstitieux, « que la nature assigne aux rivières le cours qui leur est propre, etc. »
  3. Voyez les Époques de la Nature de l’éloquent et philosophe Buffon. Son tableau de la Guyane, province de l’Amérique méridionale, est celui d’une terre neuve et sauvage où les eaux sont abandonnées à elles-mêmes, et n’ont point été dirigées par l’industrie de l’homme (p. 212-561, édit. in-4o.).